Au bord de la Magdalena, fleuve puissant et calme de Colombie, s'écoule la vie des Indiens, rude, harmonieuse, impregnée de croyances ancestrales, telle celle du Mohan, génie des eaux qui détruit ou remplit les filets des pêcheurs. Les images sont somptueuses, soulignant la prééminence de la nature dont le fleuve est l'élément central, puissante métaphore de la vie et de la mort. Dans cet univers aquatique surgit brusquement la barbarie. Les pêcheurs mêlent à leurs récits fabuleux la chronique impitoyable des exécutions sommaires qui ont eu lieu près du fleuve. Au fil des témoignages se dessine un paysage tout sauf idyllique, où les paramilitaires à la solde du pouvoir colombien tuent les Indiens, font disparaître les paysans, réquisitionnent le bétail, volent les récoltes. Par la beauté poétique des images et du récit, le film tente le paradoxe de rappeler, en douceur, l'extrême violence perpétrée contre la société traditionnelle colombienne.