Les auteurs, précurseurs du premier mouvement littéraire indépendantiste explorent l'identité de leur peuple résistant à tous les égards. Loin de l'image d'épinal d'un Cap-Vert paradisiaque, on lit l'archipel tel qu'il est, beau mais terriblement dur avec ses habitants. îles désertes au large du Sénégal, balayées par les vents du Sahara où rien ne pousse, ce territoire a été d'abord foulé par les commerçants européens et les esclaves venus de toute l'Afrique. Des hommes et des femmes s'y sont installés de plein gré ou forcés. Au fil des siècles, un peuple est né, une identité complexe aussi. On entrevoit dans ces nouvelles le quotidien des habitants en prise avec des conditions climatiques hostiles. Le pêcheur voit sa barque bloquée faute de vent, ou au contraire, des navires échouent suite à une violente tempête. On y découvre la faim et l'exil rural. Le manque de structures, d'école et d'hôpitaux. La dépendance au reste du monde et l'émigration. Les rêves d'exil qui alimentent l'imaginaire. Entre misère et beauté. Entre privation et débrouille. «La pauvreté est une école et c'est la grande histoire de ce petit pays» dira un des personnages. Dans Momiette on suit la rivalité de deux gamins, violente et cruelle, qui laisse esquisser subtilement une histoire bouleversante. Faite de compréhension, de pardon et d'amitié. Dans Le coq a chanté dans la baie on écoute des histoires de contrebandiers et leurs démélês avec un douanier chanteur de morna, ce genre musical propre au Cap-Vert rendu célèbre par Cesária évora. Dans Les travaux et les jours, on y vit la force et l'esprit de solidarité des travailleurs cassant la pierre et apercevant un navire plein de maïs ayant chaviré. Celui-ci sera aussitôt surnomé Amérique, comme un rêve d'abondance, possible seulement ailleurs...